les talibés
Talibé est un mot “wolof”; en mandingue et en Pulaar (au Sénégal il existe plusieurs ethnies) le terme est : Almoudou; en arabe : alib. Talibé signifie “une personne qui apprend” et désigne les enfants initiés à la lecture du Coran à l’école coranique, communément appelée daara (ce qui signifie : lieu d’apprentissage). Les daaras sont des institutions qui prennent en charge l’éducation religieuse des enfants; ici, les talibés apprennent certaines des valeurs de la vie communautaire telles que la politesse, la solidarité, la tolérance, la persévérance, l’obéissance et l’humilité. Le daara est un lieu de vie social, sous la responsabilité du maître coranique. Il est à la fois un lieu d’enseignement du Coran et d’initiation à la vie sociale et spirituelle. Les parents confient leurs enfants au Marabout, communément appelé Sérigne daara, parfois après avoir parcouru des centaines de kilomètres. Dans la majeur partie des cas, les talibés proviennent d’autres régions du Sénégal et parfois même de pays limitrophes : les deux Guinée, la Gambie, le Mali. Le Marabout qui se voit confier l’enfant en assume la responsabilité d’un point de vue éducatif et substantiel durant toute la durée de son séjour au daara. Dans les daaras, les talibés sont contraints de vivre dans des conditions d’hygiène effrayantes. Outre les carences matérielles, les enfants souffrent de privations affectives et n’iront jamais à l’école. Ils sont contraints de mendier quotidiennement une certaine quantité de riz, de sucre et d’argent pour le Marabout. L’association tente de combler les privations de ces enfants et jeunes hommes, paradoxalement très éduqués et disciplinés. Elle leur offre des moments de jeux et un lieu sûr et serein, sous le regard des éducateurs et des nombreux volontaires qui se relaient. Surtout, elle leur offre la possibilité de prendre une douche hebdomadaire, de recevoir des vêtements de rechange propres et parfois neufs ainsi que d’un repas complet. En outre, un après-midi par semaine, ils ont la possibilité de suivre deux heures d’alphabétisation.
Parce qu’ils n’iront jamais à l’école, une fois la majorité atteinte, ils migreront vers l’Europe ou trouveront un travail de fortune. Rares sont ceux qui retourneront dans leur famille. Ils sont souvent des fantômes pour le registre de l’état civil, ne reçoivent de soins médicaux que par hasard et uniquement grâce au travail de quelques associations. Pourtant, ils sont curieux de savoir, de connaître. Un rien les rend heureux, même les moments les plus ordinaires et habituels qui leur sont proposés. Cela peut être la lecture d’un conte, faire une partie de football ou passer quelques heures paisibles à la plage. Traduction vers le français dans le cadre de l’Initiative Mondo Lingua de traduction gratuite pour les ONGs et les associations sans but lucratif. Traducteur : Sophie Gateault http://www.mondo-lingua.org/ |