le projet

Publié par Federico Nellen le

L’association “I Bambini di Ornella” a vu le jour en mars 2005 en Italie. Elle est née du projet de son fondateur Severino Proserpio, récompensé par le prestigieux Abbondino d’or en 2007. Son siège se situe initialement à Côme (en Lombardie). Dans un premier temps, ce projet a pour objectif d’offrir un toit aux Talibés (de la langue wolof “celui qui apprend”, enfants sans famille) qui errent notamment dans les rues de Kelle. Severino Proserpio y a établi sa résidence personnelle, rejoint par la suite par son collaborateur Andrea Flaborea afin de suivre personnellement la création d’un Centre d’accueil.

Très vite se fait ressentir la nécessité de créer au Sénégal une organisation parallèle qui adopte des critères et des compétences appropriés afin d’intervenir de manière ciblée, avec l’accord et l’appui de la population et des autorités locales. C’est ainsi qu’est née, toujours en 2005, l’Association “Les Enfants d”Ornella”. Celle-ci possède sa propre structure et un conseil administratif dont l’objectif est de rassembler des compétences et des expériences basées sur le contexte local. A son tour, l’Association « “I Bambini di Ornella”, établie en Italie, s’organise en fonction de l’importance des interventions effectuées par l’association jumelle, dans le but de fournir des fonds et du matériel nécessaire, et si besoin, des compétences professionnelles.

Le projet se précise au contact direct de la réalité socio-économique du territoire, celui de la Communauté Rurale de Yene. Il comprend les villages de Kelle, Toubab Dialaw, Niangal, Yene Ndetakh, Yene Kao, Yene Guedj, Yene Todd Niayes Khayes, Ndoukhoura Wolof.

L’implication directe des autorités sociales et religieuses locales, qui étudient et discutent avec le directeur les principes de base du projet, est particulièrement importante dans la redéfinition du projet initial. Cette collaboration a abouti à la donation d’un terrain de 2000 mètres carrés pour la construction du Centre, de la part de la Communauté Rurale de Yene.

Parallèlement, en Italie, le Syndicat des retraités italiens de la CGIL lombarde (Confédération Générale Italienne du Travail) reprend le projet et alloue les fonds nécessaires à la construction des murs.

C’est ainsi qu’est née une structure de 750 mètres carrés. A l’heure actuelle, conformément aux nouvelles exigences du Projet nées des différentes synergies, elle accueille toutes les activités de jour et la présence de plus de 300 enfants. La structure se donne pour mission de :

1. Favoriser la scolarisation, qui se révèle être un des principaux problèmes. Dans cette optique, nous avons décidé d’offrir un soutien aux écoles locales et aux familles les plus défavorisées. L’objectif est de promouvoir des conditions qui facilitent l’assiduité scolaire des enfants. Dans ce contexte, des solutions d’hébergement sont à prévoir (actuellement, la structure du Centre met à disposition 20 lits), ainsi que des espaces adaptés aux activités périscolaires pour tous les autres enfants.

2. Favoriser la rencontre entre générations en prévoyant un espace à consacrer aux anciens des villages et garantir ainsi la continuité de la tradition orale, elle-même partie fondamentale du substrat socioculturel local.

3. Promouvoir des activités culturelles variées, de manière à devenir un point de repère et de regroupement pour la communauté. Dans cette optique, des espaces pour une bibliothèque-vidéothèque ainsi que pour des activités théâtrales et musicales sont prévus.

4. Promouvoir l’entrée prochaine des jeunes dans le monde du travail, tout en tenant compte des exigences et des compatibilités économiques locales. En ce sens, nous entendons capitaliser le professionnalisme acquis par les migrants de retour dans leur pays ainsi que celui d’italiens représentants de différentes catégories professionnelles formés par la grande expérience des syndicats et disposés à organiser des cours et des stages. Dans cette phase, l’accès au microcrédit sera de grande importance.

Parallèlement à l’achèvement de la structure, nous avons procédé à l’embauche et à la formation du premier personnel, nécessaire au démarrage des activités, et trouvé le matériel didactique nécessaire. Nous avons alors veillé à ne pas créer d’attentes prématurées avec des modalités et des ressources adéquates.

Ces premiers pas ont eu pour objectif la formation de l’équipe locale. Celle-ci gèrera les activités du Centre sous la direction de l’Association “Les Enfants d’Ornella” et du Comité, formé par ses représentants, en synergie avec les représentants de la Communauté Rurale de Yene.

LES PREMIERS PAS DU CENTRE “G. QUADRONI”

Les premières activités diurnes du Centre ont démarré progressivement à partir des derniers mois de 2007, lorsque les travaux de construction du Centre ont été achevés, sous la supervision de Severino et de son collaborateur Andrea Flaborea. Après une période de collaboration passée entre l’Italie et le Sénégal, Andrea Flaborea s’est définitivement installé à Kelle.

En plus de contrôler les interventions liées à l’édification de la structure, Andrea démarre et suit les activités éducatives, revêtant le rôle de Directeur du Centre jusqu’en juin 2010.

Ces activités se sont révélées particulièrement importantes pour promouvoir le Centre ; elles ont permis de faire connaitre et apprécier concrètement le travail réalisé et d’instaurer un rapport de confiance avec la population locale. Cette condition est indispensable pour le développement des activités, pour l’achèvement des infrastructures de la cantine ainsi que pour l’embauche et la formation du personnel.

Depuis le mois de mars 2008 certaines activités à caractère éducatif et ludique proposées aux enfants de la communauté locale sont proposées de manière continue :

  • Cours de percussion – activité de rapprochement, basée sur le grand attrait d’une des traditions locales les plus enracinées.
  • Cours de danse – introduction aux règles de conduite de la discipline et d’engagement
  • Théâtre – enseignement de la spontanéité et de l’expression dans un contexte organique.
  • Cours de vacances (en période de fermeture des écoles) et Cours d’intégration scolaire, dispensés le matin à l’école de Kelle et l’après-midi au Centre. L’objectif est de pallier les difficultés rencontrées dans les matières d’enseignement et d’introduire les thèmes du respect, de l’engagement et de l’hygiène sanitaire.
  • Petit Reporter. Il s’agit d’une activité proposée aux plus grands, soutenue par des diplômés et des étudiants des villages. Axée sur la conscience des problèmes locaux, les enfants se font acteurs des exigences locales et interviewent des adultes tout en créant des représentations. Celles-ci sont ensuite retransmises par les radios locales, très écoutées dans un contexte peu ou pas scolarisé.
  • Alphabétisation avec les “Enfants des Plages”. Il s’agit des nombreux enfants qui ne fréquentent pas l’école et errent sur la plage, dans l’attente d’être embauchés par les pêcheurs locaux. Une première approche est réalisée avec des activités ludiques avant qu’ils ne soient scolarisés. Il est souvent nécessaire de leur donner une reconnaissance juridique (inscription au registre de l’état civil).
  • Alphabétisation des Talibés. Il s’agit d’enfants (uniquement des garçons) confiés à des Marabouts qui leur enseignent le Coran. Beaucoup de ces enfants sont orphelins et viennent d’autres régions d’Afrique. Ils ont un futur incertain et vivent de mendicité. En accord avec les Marabouts qui ont accepté le Projet, l’association se propose d’intervenir pour assainir le Daara (maisons des Marabouts) et commencer l’alphabétisation.

Comme nous pouvons parfaitement le comprendre, il y a eu de nombreux renoncements principalement dus à la période de l’année (en fin d’année scolaire beaucoup d’enfants servent de soutien économique dans leur famille, les plus aisés partent en vacances, d’autres migrent chez des parents). Toutefois, au terme des différents cours proposés, nous pouvons attester une assiduité de 70% des participants et – chose très importante – l’implication positive des villages, des familles, des associations du territoire et des enseignants des écoles locales.

 

LE CENTRE “G. QUADRONI” AU COURS DES DEUX DERNIERES ANNEES

Au cours des deux dernières années, la structure organisationnelle, le personnel œuvrant au Centre et l’offre éducative se sont considérablement renforcés. A partir de l’année scolaire 2009/2010, les activités se sont largement développées et perfectionnées et ont le soutien toujours plus déterminé et participatif des écoles locales.

La gestion du Centre est actuellement confiée à un coordinateur pédagogique également enseignant, à un éducateur et médiateur culturel ainsi qu’à un enseignant, secondés par des professionnels et des animateurs en CDD ainsi que par trois agents de services généraux (deux cuisinières et un gardien manutentionnaire)

Le Coordinateur pédagogique, l’Enseignant et le Médiateur Culturel qui sont les trois figures centrales, ont toutes les qualités requises pour assurer la scolarisation ; des compétences dans le domaine de l’enfance, la connaissance du français, de la langue locale ainsi que des dialectes utilisés parmi la population. De plus, ils ont participé aux stages de formations suivants:

– “Malnutrition, éducation sanitaire, hygiène, prophylaxie, santé et prévention” organisé par l’Association G.A.I.A de Dakar – Pr. Fofanàn et Pr. Macine Ba;

– Module de premiers secours, organisé par l’association NAGA – Dr. Italo Siena;

– Module sur la connaissance du territoire, et plus particulièrement sur les réalités familiales, les différentes ethnies, les us et coutumes locaux, dans le but de cerner correctement l’usage du Centre Educatif – Pr. Mor M’Baye

– Module de formation juridique de base, pour la connaissance de la législation sénégalaise, et plus particulièrement en droit familial et en droit de l’éducation scolaire – Maître Ousmane Yade

– Module de langue français-wolof – Marietou Samb.

En plus des différents modules et ateliers de musique, de danse et de théâtre, une attention particulière à été portée aux activités destinées aux enfants majoritairement démunis : les enfants des plages et les talibés.

Les enfants de la plage

L’objectif primordial est de constituer une référence pour ces enfants du village qui passent leurs journées sur la plage, au marché aux poissons ou sur les pirogues, sans jamais mettre les pieds à l’école.

Au début de chaque année scolaire, les enseignants du Centre approchent sur la plage les enfants afin de les inviter aux leçons. Ils persuadent ensuite les parents de l’importance de l’éducation scolaire. Ils s’occupent également de l’aspect administratif, inscrivant sur le registre de l’état civil ces enfants qui, bien souvent, ne l’ont pas été. Il s’agit d’un pré-requis indispensable pour intégrer l’école publique.

Des classes sont ensuite constituées; pendant un an elles suivront l’équivalent d’une pré-école ainsi qu’une alphabétisation en français (langue officielle mais peu parlée, surtout dans les villages). La majeure partie de la population s’exprime dans un des nombreux dialectes présents au Sénégal, le plus répandu étant le wolof. Après un an de préparation au Centre, dans lequel les notions scolaires fondamentales sont acquises, les enfants intègrent l’école publique. Les enseignants de l’école eux-mêmes reconnaissent le bon niveau de préparation des enfants qui parviennent à fréquenter l’école.

Les Talibés

Talibé est un mot “wolof”; en mandingue et en Pulaar (au Sénégal il existe plusieurs ethnies) le terme est : Almoudou; en arabe : alib.

Talibé signifie “une personne qui apprend” et désigne les enfants initiés à la lecture du Coran à l’école coranique, communément appelée daara (ce qui signifie : lieu d’apprentissage).

Les daaras sont des institutions qui prennent en charge l’éducation religieuse des enfants. Ici, les talibés apprennent certaines des valeurs de la vie communautaire telles que la politesse, la solidarité, la tolérance, la persévérance, l’obéissance et l’humilité. Le daara est un lieu de vie social, sous la responsabilité du maître coranique. Il est à la fois un lieu d’enseignement du Coran et d’initiation à la vie sociale et spirituelle. Les parents confient leurs enfants au Marabout, communément appelé Sérigne daara, parfois après avoir parcouru des centaines de kilomètres. Dans la majeure partie des cas, les talibés proviennent d’autres régions du Sénégal et parfois même de pays limitrophes : les deux Guinée, la Gambie, le Mali. Le Marabout qui se voit confier l’enfant en assume la responsabilité d’un point de vue éducatif et substantiel durant toute la durée de son séjour au daara.

Dans les daaras, les talibés sont contraints de vivre dans des conditions d’hygiène effrayantes. Outre les carences matérielles, les enfants souffrent de privations affectives et n’iront jamais à l’école. Ils sont contraints de mendier quotidiennement une certaine quantité de riz, de sucre et d’argent pour le Marabout.

L’association tente de combler les privations de ces enfants et jeunes hommes, paradoxalement très éduqués et disciplinés. Elle leur offre des moments de jeux et un lieu sûr et serein, sous le regard des éducateurs et des nombreux volontaires qui se relaient. Surtout, elle leur offre la possibilité de prendre une douche hebdomadaire, de recevoir des vêtements de rechange propres et parfois neufs ainsi que d’un repas complet. En outre, un après-midi par semaine, ils ont la possibilité de suivre deux heures d’alphabétisation.

Parce qu’ils n’iront jamais à l’école, une fois la majorité atteinte, ils migreront vers l’Europe ou trouveront un travail de fortune. Rares sont ceux qui retourneront dans leur famille. Ils sont souvent des fantômes pour le registre de l’état civil, ne reçoivent de soins médicaux que par hasard et uniquement grâce au travail de quelques associations. Pourtant, ils sont curieux de savoir, de connaître. Un rien les rend heureux, même les moments les plus ordinaires et habituels qui leur sont proposés. Cela peut être la lecture d’un conte, faire une partie de football ou passer quelques heures paisibles à la plage.

Les enfants de l’école

Au Centre “Giovanni Quadroni”, certains après-midi par semaine, des activités périscolaires sont organisées par les éducateurs et les volontaires. Les enfants ont ainsi la possibilité de revoir une seconde fois les concepts et sujets abordés à l’école, d’approfondir certaines thématiques, de demander des explications et des éclaircissements : ils ont ainsi l’occasion d’être mieux suivis qu’à l’école, où les classes sont composées de 80/90 enfants ce qui rend donc plus difficile, voire impossible, un suivi approfondi de chaque enfant par l’enseignant, pour chaque sujet étudié.

En plus des cours de soutien, d’autres activités sont organisées avec les enfants de toutes les classes de l’école publique. Sous la coordination d’un professionnel, les garçons et filles âgés de 13 à 16 ans apprennent à écrire des articles journalistiques et à réaliser des interviews radiophoniques sur des thèmes et des problématiques actuelles de leur village (hygiène, recyclage, maternité précoce, etc.).

D’autres moments de jeux, tout aussi importants, viennent compléter ces activités purement pédagogiques.

 

 

Traduction vers le français dans le cadre de l’Initiative Mondo Lingua de traduction gratuite pour les ONGs et les associations sans but lucratif. Traducteur : Sophie Gateault http://www.mondo-lingua.org/

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